Extrait
du site INTERNET http://culture.coe.fr/skills/fr/FpatfempCharteVerone.htm
Charte
sur l'utilisation des lieux antiques de spectacle
(adoptée à l'issue du Colloque International de Vérone,
Italie, août 1997)
Note
liminaire
Texte
de la Charte
Annexe
I à la Charte : Repères techniques sur les conditions d'utilisation des
sites de spectacle
Annexe
II au projet de Charte : Déclaration de Ségeste
Note
liminaire
Le
projet de Charte figurant dans le présent document résulte du travail
des experts du "Réseau européen des lieux antiques de spectacle"
(théâtres, amphithéâtres et cirques) développé depuis 1993 à l'initiative
du Conseil de l'Europe. L'objectif de ce réseau a été de susciter la collaboration,
autour d'exemples concrets, de professionnels intervenant à un titre ou
un autre dans la vie et la mise en valeur d'un patrimoine largement répandu
dans un bon nombre de pays d'Europe et autour de la Méditerranée. Archéologues,
architectes, historiens de l'art, metteurs en scène, organisateurs de
spectacle, représentants des collectivités locales, experts du tourisme,
économistes et spécialistes du développement local ont échangé leurs points
de vue au cours d'une série de rencontres thématiques, exprimant une approche
intersectorielle des objectifs à atteindre pour une meilleure sauvegarde
et utilisation du patrimoine.
La
Charte sur l'utilisation des lieux antiques de spectacle est le produit
d'une action conjuguée du Conseil de l'Europe, de l'Union Européenne et
de l'Unesco. Elle constitue l'aboutissement d'une série d'étapes : En
premier lieu le colloque sur la "Sauvegarde et utilisation de lieux
antiques de spectacle" tenu en Sicile en 1995 et s'étant achevé avec
la Déclaration de Ségeste. Cet acquis a pu être complété et développé
dans le cadre du projet MINOTEC, lancé
avec le soutien de l'Union Européenne (DG X) et associant diverses
institutions de la France, de la Grèce, d'Italie et d'Espagne. Le colloque
"Nouvelles technologies et mise en valeur des lieux antiques de spectacle"
d'août 1997 (Verona), faisant suite à des séminaires organisés à Messène
(Grèce) et Lyon (France) a permis d'ouvrir des perspectives nouvelles
sur la mise en valeur des sites antiques de spectacle, témoins majeurs
du patrimoine culturel et pôles de développement local.
Le
texte de la Charte a été soumis en mars 1998 au Comité du Patrimoine Culturel
du Conseil de l'Europe, qui en a recommandé la diffusion.
Le
"Réseau européen des lieux antiques de spectacle" ainsi que
le projet MINOTEC ont été mis en uvre par la Fondation européenne
pour les métiers du patrimoine.
Charte
sur l'utilisation des lieux antiques de spectacle
Les
lieux antiques de spectacle, théâtres, amphithéâtres ou cirques, sont
parmi les rares monuments ayant conservé quelquefois leur usage initial
jusqu'à ce jour. Lieux de mémoire, ils constituent un patrimoine qui recouvre
non seulement les structures héritées du monde gréco-romain, mais l'histoire
des remaniements qu'ils ont subis, des usages successifs qu'on leur a
attribués, ainsi que des traditions culturelles et artistiques qui s'y
rattachent.
Il
s'agit aujourd'hui à la fois de préserver un potentiel scientifique, de
gérer des monuments dans une perspective de développement et de redonner
aux sites antiques, quand les circonstances s'y prêtent, leur pleine vocation
d'espaces de création, de convivialité et d'émotion.
I.
Préserver la ressource du patrimoine
Les
sites antiques de spectacle constituent une ressource fragile menacée
par l'érosion du temps et l'abus d'utilisation qui peut en être fait.
Il appartient aux pouvoirs publics et aux collectivités propriétaires
des sites de mettre en uvre vis à vis de ce patrimoine des stratégies
de conservation appropriées s'intégrant au contexte général des politiques
de conservation du patrimoine architectural et archéologique, de l'urbanisme
et de l'environnement. Le principe de la reversibilité des interventions
sur le patrimoine doit être observé.
II.
Transmettre fidèlement les connaissances
i.
Les sites antiques de spectacle même les plus connus et les plus visités
restent souvent insuffisamment étudiés et documentés. Le progrès des
technologies informatiques offre des instruments perfectionnés pour
l'étude scientifique des monuments et de leur histoire, pour l'assistance
à la conservation et à la restauration, pour la dissémination de l'information,
la pédagogie et la sensibilisation du public ;
ii.
La virtualisation de l'information et en particulier le recours aux
images de synthèse appellent cependant une vigilance déontologique et
une claire distinction entre les démarches à caractère scientifique
et les évocations à fin de vulgarisation.
III.
Faciliter la compréhension par le public
i.
La conservation des sites de spectacle n'a de sens que si elle rend
accessible ce patrimoine au public et en diffuse la connaissance à divers
niveaux ;
ii.
Sous réserve de restrictions motivées par des raisons de sécurité ou
les exigences de la conservation, l'accès des visiteurs aux monuments
antiques de spectacle doit être favorisé en offrant des facilités de
compréhension et d'interprétation ;
iii.
Les travaux scientifiques exploités de manière sélective et peu onéreuse
devraient servir de base à l'information d'un large public que ce soit
via les instruments du tourisme culturel ou via les supports de la cyberculture
;
iv.
La sensibilisation des jeunes à un type de patrimoine largement répandu
en Europe, au Moyen Orient et en Afrique du Nord devrait se prêter à
l'expression d'un message éthique qui s'attache aux valeurs communes
véhiculées par un patrimoine traduisant l'histoire d'un art de vivre
urbain partagée.
IV.
Valoriser les sites en les utilisant
i. Si tous
les édifices ne se prêtent pas du fait de leur état de conservation
à l'organisation présente de spectacles, c'est l'utilisation qui leur
donne tout leur sens en actualisant leur vocation ;
ii.
Quel que soit le type choisi de manifestation, il est impératif que
soit respectée la fragilité des lieux et que les spectacles puissent
contribuer à valoriser le patrimoine et à susciter l'intérêt du spectateur
pour le site historique dans lequel ils se déroulent ;
iii.
Un équilibre est à trouver entre la nécessité de la protection des monuments
et les attentes des spectateurs, des visiteurs et des habitants du lieu.
Dans ce but une concertation systématique devra être pratiquée entre
les collectivités propriétaires des sites, les responsables de la conservation
et les organisateurs de spectacle et un cahier des charges devrait être
adopté pour chaque édifice précisant un minimum de règles à observer
pour leur bon usage ;
iv.
Un bon usage des sites devra réduire les risques de dégradation matérielle
des structures antiques occasionnés par les spectacles et proscrire
des aménagements scéniques ou d'accueil du public non réversibles. Il
retiendra les besoins de l'aménagement scénique dans la conception des
programmes d'entretien et d'aménagement de l'édifice en vue de parvenir
à l'articulation la plus naturelle des fonctions de lieu de spectacle
et des fonctions patrimoniales ;
v.
La mise en scène de spectacles vivants ainsi que l'organisation de techniscénies
portant sur l'histoire du site gagneront à exploiter l'apport de nouvelles
technologies de l'éclairage, de l'image et du son en vue de renforcer
la qualité même du spectacle à travers la valorisation du site ;
vi.
La création contemporaine devrait être encouragée dans l'organisation
de spectacles pour autant que l'artiste sache interpréter l'esprit des
lieux et en tirer parti dans l'intérêt du spectacle comme du monument
;
V.
Gérer les sites de spectacle en contribuant au développement durable
i.
Simultanément ressource et objet du développement local, les édifices
de spectacle constituent un rôle d'attraction touristique suscitant
des retombées économiques au bénéfice des villes ou des régions. Cet
apport peut être plus important que dans le cas d'autres monuments lorsque
les sites de spectacle demeurent à la fois des monuments visités et
des lieux de spectacle très fréquentés. L'utilisation du patrimoine
des lieux de spectacle devra s'intégrer à un processus de développement
durable ;
ii.
La gestion durable des sites de spectacle ne pourra découler que d'un
consensus suffisant des divers intervenants dans la conservation et
l'exploitation des lieux. Elle devra comporter l'élaboration d'un plan
de gestion définissant les objectifs poursuivis et les responsabilités
des partenaires ainsi que l'identification d'un coordinateur assurant
la conciliation des intérêts distincts relatifs au site ;
iii.
Les stratégies de promotion des sites antiques de spectacle devront
s'insérer dans un projet global intersectoriel de développement reposant
sur la conjugaison d'initiatives et des coopérations interrégionales
et internationales. Dans les perspectives d'un tourisme culturel équilibré
ces stratégies devront tenir compte des seuils de saturation des monuments
et rechercher l'orientation alternative des flux touristiques vers d'autres
sites à développer ;
iv.
La mise en valeur des sites devrait s'articuler avec un faisceau de
projets culturels créateurs d'emplois bénéficiant aux populations locales,
sans engendrer toutefois vis-à-vis d'elles et de leur environnement
naturel un excès de nuisances.
VI.
Faire progresser le savoir-faire à travers des réseaux
i.
Une information suffisante devra être diffusée auprès des maîtres d'ouvrage,
des concepteurs et de tout autre intervenant sur les possibilités offertes
par l'évolution des techniques pour améliorer le savoir-faire de la
conservation et de l'utilisation des sites. Par delà les formations
initiales ou continues s'imposant aux professionnels de la conservation
comme à ceux du spectacle, des formations spécifiques devront être organisées
afin de rendre possible l'utilisation effective des nouvelles technologies
dans les sites de spectacle ;
ii.
La dimension internationale et la similarité des problèmes de conservation
et de mise en valeur des lieux antiques de spectacle appellent une collaboration
professionnelle transnationale. Une dynamique de réseau devra être développée
quant à l'échange d'informations scientifiques entre les équipes de
recherche, quant à l'organisation de cycles de perfectionnement s'adressant
aux chercheurs, aux gestionnaires du patrimoine et aux professionnels
du spectacle et quant au montage de projets touristiques ou pédagogiques
de qualité s'appuyant sur le patrimoine ;
iii.
Un système de mise en commun des données et de coordination des initiatives
serait opportun pour créer une synergie des investissements intellectuels
et matériels en faveur du patrimoine des sites de spectacle.
Annexe
I à la Charte
Repères
techniques sur les conditions d'utilisation des sites de spectacle
Les
experts ayant participé aux activités du Réseau européen des lieux antiques
de spectacle et au programme MINOTEC ont élaboré une série d'orientations
susceptibles de favoriser la mise en uvre de la "Charte sur
l'utilisation des lieux antiques de spectacle".
I. Préservation
des ressources du patrimoine et fidélité de l'information
- Sur la base d'une
documentation scientifique suffisante et d'une analyse archéologique
rigoureuse, les travaux d'entretien, de consolidation et de restauration
des sites antiques de spectacle doivent :
-
viser à intégrer les principes de la charte internationale sur la conservation
et la restauration des monuments et des sites (ICOMOS, 1964),
-
respecter l'intégrité du monument (esthétique, historique, scientifique),
-
ménager des zones de réserve en vue de la reprise ultérieure d'études
complémentaires ou de vérifications scientifiques.
- L'ouverture au
public appelle des mesures tendant à limiter les risques de dégradation
liés à la surfréquentation. Il conviendra à cet égard :
-
d'informer les publics sur la vulnérabilité des sites (panneaux, documents,
etc.) ;
-
de créer des cheminements attractifs faisant éviter les secteurs fragiles.
L'interdiction d'accès à des zones sensibles ou dangereuses s'imposera
dans certains cas ;
-
de créer des équipements appropriés (sièges, pelouses accessibles, poubelles,
toilettes, points d'eaux, etc.) réduisant les risques de pollution et
de détérioration ;
- Le recours aux
nouvelles technologies de l'information facilitera les démarches d'inventaire,
d'analyse, de programmation et de suivi des interventions professionnelles
sur le site. Il pourra également contribuer à réduire, dans l'hypothèse
de sites fragiles surfréquentés, la pression d'un trop grand nombre
de visiteurs en offrant aux personnes intéressées des possibilités d'accès
à distance via l'image virtuelle et les supports multimédia.
- S'agissant de la
diffusion de l'information et de la vulgarisation, la constitution d'équipes
interdisciplinaires pour la fabrication de produits multimédia devrait
pouvoir limiter les risques de dérives et de déformation des données
scientifiques. Il appartiendra aux auteurs du projet de préciser en
toute hypothèse le niveau de leur objectif (étude scientifique, évocation
ou vulgarisation). Les professionnels uvrant dans le cas particulier
des sites antiques de spectacle devront respecter les principes éthiques
et déontologiques qui viendront à être adoptés sur le plan international
dans le domaine de l'application des nouvelles technologies de l'information
au secteur culturel.
II.
La qualité de l'accueil du public
Des
mesures tendant à mieux accueillir le public constitueront une garantie
de bonne conservation tout en favorisant la compréhension des valeurs
que véhicule aujourd'hui le patrimoine.
1. Améliorer
la compréhension du site
Les
mesures à prendre consisteront par exemple dans :
-
le tracé de circuits reprenant des cheminements antiques qui permettent
la découverte progressive des lieux ainsi que l'accès à des points de
vue pertinents ;
-
la mise à disposition de moyens de lecture des vestiges, à l'aide de
dépliants d'audio-guidages et de guides adaptés aux différents publics.
Des conférenciers formés à la visite et susceptibles de proposer des
ateliers pédagogiques devraient être disponibles sur les sites les plus
importants ;
-
l'ouverture d'un lieu judicieusement situé à l'accès principal du site
donnant les clefs de son interprétation et sa mise en perspective historique
(explications sur le monde antique, sur l'histoire locale, comparaison
avec d'autres sites). De tels centres d'interprétation devraient progressivement,
dans les sites majeurs, être dotés d'outils interactifs et multimédia
favorisant la compréhension de l'histoire du lieu et de ses usages successifs.
Des supports d'information télématiques "on line" et multimédia
"off line" pourront faciliter la préparation de la visite
et encourager l'approfondissement ultérieur des connaissances.
2. Promouvoir
l'image du site en sachant accueillir les visiteurs et les spectateurs
:
i.
du fait de leur importance historique et architecturale certains sites
antiques de spectacle constituent de véritables entreprises culturelles
concourant au développement local. Les stratégies d'accueil du public
devraient cependant avoir déterminé pour chaque site les seuils de
fréquentation compatibles avec les exigences de sa conservation durable
et de son entretien.
ii.
Les sites seront dotés chaque fois que possible de commodités et d'installations
facilitant leur fréquentation telles que : postes téléphoniques, terminal
de paiement par carte bancaire, présentoirs pour matériel d'information,
signalétique multilingue, dispositif de gestion des files, consigne-vestiaires,
etc.
iii.
L'accueil des handicapés devra se faire dans des conditions d'accueil
les plus proches des autres spectateurs, tout en prévoyant les conditions
particulières de leur évacuation ou de leur mise en sécurité ;
iv.
Les besoins logistiques spécifiques des artistes, dans le cas de l'organisation
de spectacles, devront être également pris en compte conciliant la
recherche d'un maximum de confort pour les personnes avec le respect
du patrimoine ;
v. La qualité
de l'accueil impliquera la formation continue d'un personnel adapté
aux exigences relationnelles et linguistiques d'une entreprise culturelle
soucieuse de son image.
3.
Assurer la sécurité
- Des mesures correspondant
à la configuration du site ou la disposition du monument seront adoptées
en visant à parer non seulement aux effets d'un incendie ou de tout
autre phénomène, mais surtout à la panique qui pourrait s'en suivre
sur la foule des visiteurs ou des spectateurs.
- Il y aura lieu
de prévoir :
- la délimitation
d'un périmètre de sécurité autour du monument ou du site évitant le
stationnement anarchique et permettant la libre circulation des services
de police et de secours.
- La définition
de normes de sécurité propres au site fixant :
-
la
capacité d'accueil du public,
-
le
dispositif d'encadrement du public, tant pour la prévention des
risques que l'assistance médicale et le secours.
III.
La valorisation des sites dans leur utilisation
Dans
le cas de l'organisation de spectacles, les équipements utilisés devraient
le moins possible gêner la lisibilité du monument et la compréhension
de sa signification historique. Cette observation s'impose pour les périodes
de festival correspondant aux périodes des flux touristiques les plus
importants.
1.
Quelle que soit la diversité des mises en scène, les représentations
devront être créées dans le respect des règles de sauvegarde et de protection
des lieux.
Il
sera opportun de satisfaire l'ensemble des usagers et des publics non
seulement en intégrant intelligemment les dispositifs de scène ou de
sécurité, mais en essayant de tirer parti de ces dispositifs pour mieux
faire comprendre ou mieux mettre en valeur les vestiges :
-
en
rétablissant les plateaux de scène à leurs niveaux et dans la configuration
antique ;
-
en
implantant décors, fonds de scène, équipements acoustiques, couvertures
de scène à l'emplacement des murs de scène qui ont, en général,
disparu. Dans le cas des théâtres, il pourrait être envisagé de
laisser subsister en permanence des structures les plus transparentes
et les plus neutres possibles dont la silhouette évoque le plan
et l'épannage des murs antiques disparus ;
-
en
utilisant la lumière comme élément de décor afin d'éviter des constructions
de décor trop lourdes ;
-
en
imaginant des décors virtuels adaptables à différents espaces ;
-
en
employant un matériel miniaturisé pour les lumières, projecteurs,
câblages, régie
-
en
privilégiant, pour les circulations ou les évacuations des publics,
la restauration des escaliers et des couloirs antiques, ce qui fait
apparaître plus clairement la structure des monuments originaux.
2.
L'image virtuelle aura un rôle à jouer dans l'élaboration de mises en
scène non dommageables pour les structures bâties. Cet usage peut réduire
à son minimum l'érosion subie par les sites où sont données des représentations
(ex : superposition d'un décor virtuel sur des structures bâties anciennes).
3.
L'outil informatique permettra, lorsque nécessaire, la constitution
de modèles acoustiques contribuant à la conception de nouvelles formes
d'utilisation de l'espace et de la scénographie. La reconstitution tridimensionnelle
du son, apportera un complément d'information à l'image virtuelle en
recréant les acoustiques propres aux différents lieux. Ajouté à l'image,
le pouvoir évocateur des sons offrira une connaissance plus approfondie
des lieux antiques, l'acoustique étant partie intégrante du patrimoine.
IV. L'établissement
de codes négociés de bonne pratique adaptés à chaque site
Les
précautions à prendre s'agissant des lieux antiques de spectacle s'inspireront
de principes généraux définis par le Conseil de l'Europe et d'autres Organisations
internationales. Il conviendra d'établir pour chaque site un cahier des
charges de l'utilisation :
-
négocié
entre les collectivités propriétaires et les services responsables
de la conservation ;
-
rappelant
les contraintes liées au site et définissant des règles d'utilisation
à l'intention des organisateurs de spectacles et d'autres manifestations.
V. Lancement de travaux
en réseau
Les
professionnels travaillant à un titre ou à un autre autour de sites antiques
de spectacle, gagneront à développer ensemble une dynamique de réseau.
Compte
tenu de la grande similitude observée entre les problématiques de mise
en valeur des sites concernés, un partage européen et euro-méditerranéen
d'informations et d'initiatives contribuera à la fois au progrès de la
recherche, à la formation continue et à la sensibilisation d'un large
public.
L'élaboration
de projets communs pourra notamment porter :
-
sur
la recherche scientifique et la communication de ses résultats (par
exemple banque d'images virtuelles et production d'outils "on
line" et "off line") ;
-
sur
la promotion d'événements culturels s'inspirant de cette catégorie
spécifique de patrimoine (expositions itinérantes, séminaires de recherche
historique
) ;
-
sur
la promotion de produits de tourisme culturel durables liés au patrimoine
antique des lieux de spectacle et à leur signification hier et aujourd'hui.
Annexe
II au projet de Charte
Déclaration
de Ségeste
(adoptée
à l'issue du colloque sur "Sauvegarde et usage des théâtres antiques
"organisé à Segeste, Trapani, Palerme)
17-20
septembre 1995
Le
réseau des théâtres et des monuments antiques du spectacle, créé à l'initiative
du Conseil de l'Europe, a pour but de faire connaître et protéger le patrimoine
architectural et culturel que les Européens partagent avec l'ensemble
des habitants des pays riverains de la Méditerranée. Il vise aussi à favoriser
la production artistique contemporaine en rétablissant le lien fonctionnel
entre lieux antiques et pratiques actuelles de spectacle.
Il
regroupe des personnes et des organisations autonomes engagées dans la
recherche archéologique, architecturale, philologique, historique et artistique,
la conservation, la restauration et la gestion des édifices ainsi que
dans leur mise en valeur, l'aménagement de leur environnement et leur
utilisation. Il encourage les échanges de vue et la coopération internationale
entre les professionnels de ces différents horizons.
En
vue de favoriser la conscience des racines culturelles communes aux Européens
et d'affirmer les droits des scientifiques, des visiteurs, des spectateurs,
des riverains et des générations futures, les participants au troisième
colloque du Réseau européen organisé en Sicile en septembre 1995 sur le
thème de la sauvegarde et de l'usage des théâtres antiques présentent
la "Déclaration de Segeste" qu'ils transmettent au Conseil
de l'Europe en vue de l'adoption d'une Charte relative à la sauvegarde,
la mise en valeur et l'usage des lieux antiques du spectacle.
La
réhabilitation des monuments antiques de spectacle découle de leur caractère
propre. Lieux de mémoire, ils retrouvent leur véritable valeur patrimoniale
à travers les représentations théâtrales. Cette recommandation formulée
pour la première fois par des représentants de tous les secteurs du théâtre
et de l'archéologie concerne l'héritage classique que possèdent en commun
tous les peuples de l'Europe.
En
application de la Convention européenne pour la sauvegarde du patrimoine
architectural de l'Europe (Grenade, 1985) et de la Convention européenne
pour la protection du patrimoine archéologique (Malte, 1992), il est
recommandé aux Etats membres :
I. De sauvegarder
le patrimoine architectural antique
- en mettant en uvre,
tout particulièrement pour les monuments de spectacle, une législation
spécifique qui prévoit des mesures de consolidation, de protection,
de conservation et dentretien ;
- en prévoyant des
moyens financiers à cet effet dès quun programme de fouilles archéologiques
porte sur ce type de monument ;
- en promouvant des
études scientifiques et techniques portant sur les méthodes de construction
et les matériaux mis en uvre dans lAntiquité, et sur les
méthodes de conservation ;
- en créant des programmes
de formation à la gestion pour les responsables des sites, en encourageant
la formation de personnes aux technologies appropriées dentretien
et de conservation de ces bâtiments, et léchange de savoir-faire ;
- en ne préconisant
la restauration des édifices quaprès létude scientifique
complète et en la limitant aux mesures strictement nécessaires ;
- en élaborant une
documentation précise sur les interventions effectuées dans le cadre
de lentretien et de la restauration, et en larchivant ;
- en maintenant lintégrité
de ces monuments par une maîtrise des sols et un aménagement de leur
environnement conforme à la législation des monuments historiques.
II. De développer
la connaissance et la mise en valeur du patrimoine
- en établissant
des inventaires scientifiques détaillés par type de monuments, par région
ou pays en favorisant les échanges dinformations entre spécialistes ;
- en sensibilisant
le public, les utilisateurs, les autorités nationales ou locales ainsi
que les élus par tout moyen approprié de diffusion des connaissances :
enseignement, campagnes dinformation utilisant les différents
médias, publications, etc. ;
- en mettant à la
disposition des visiteurs, sur les sites, les renseignements quils
sont en droit d'attendre, notamment par la mise en uvre des techniques
de présentation et d'explication ; en établissant des programmes de
formation pour les guides.
III.
La valorisation des édifices antiques de spectacle par leur utilisation
comme lieu de production artistique
Tous
les édifices n'ont pas vocation à être réutilisés, mais il faut aussi
tenir compte de traditions, parfois centenaires. Quel que soit le type
de manifestation, il est impératif que soit respectée la fragilité des
lieux ; les spectacles doivent aussi contribuer à valoriser le patrimoine
et susciter l'intérêt du spectateur pour le lieu antique dans lequel il
se déroule. Pour l'intégrité des monuments il convient de résoudre les
problèmes de tous ordres posés par les exigences de la mise en scène et
la présence de spectateurs en nombre.
Un
équilibre doit être trouvé entre la nécessité de la protection et les
attentes des spectateurs, des visiteurs et des habitants du lieu :
- en préconisant
la concertation et le dialogue entre conservateurs des sites et organisateurs
de spectacles ;
- en encourageant
la création artistique de qualité à condition que l'artiste prenne en
compte la dimension culturelle du cadre ;
- en proscrivant
les constructions permanentes ou les aménagements temporaires de nature
à défigurer les édifices et à altérer les structures antiques ;
- en évitant toute
altération des structures antiques, par exemple pour assurer la circulation,
l'éclairage, l'acoustique ou le décor et en s'informant à cette fin
sur les technologies nouvelles en matière d'éclairage, de sonorisation,
de montage de décors, et en formant les techniciens nécessaires ;
- en limitant le
nombre des décibels émis pour éviter au voisinage les nuisances, et
en favorisant les études sur les conséquences des vibrations sonores
sur le monument ;
- en assurant pleinement
la sécurité du public grâce à une législation spécifique, notamment
en respectant la capacité d'accueil des monuments, en canalisant le
flux du public et en prenant toutes les mesures adaptées à ce type d'édifices
où se déroulent des manifestations en plein air.
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